l'omerta du psychotique

L’OMERTA DU PSYCHOTIQUE :

Une règle d’or chez le psychotique c’est la loi du silence. Pratiquement tous les psychotiques ne parlent pas de leur délire, de peur de passer pour des fous. Malgré la folie, il y a quand même une conscience de la folie. Non pas de sa folie mais de la folie. Parce que le psychotique plus que de se croire fou pense que c’est ce qui lui arrive qui est fou et n’en parle pas sous peine de passer pour un fou. Le psychotique pense que la folie elle vient de l’extérieur. Et moi particulièrement, je pensais que la folie venait de l’extérieur mais qu’en plus tout le monde était contre moi, alors mon silence était encore une défense. Puis j’étais résignée, je croyais être la seule à faire face, je pensais que personne ne m’aiderais. Il y a dans la loi du silence un mélange de pudeur, de honte, de peur et de folie. Nombre de psychotique taisent leur blessure ce qui complique le diagnostique, ce qui ne facilite pas la tache à ceux qui sont près à les aider. Mais cette loi du silence est particulièrement traître pour le psychotique, parce qu’il s’enferme, s’isole, de plus en plus en plus dans son délire. Parce qu’il reste confiné à son intimité, intimité qui est le siège de ses angoisses, qui est le moteur de sa peur. En plus toute tentative de rationalisation qui viendrait d’une personne extérieure lui est ainsi refusé. Cette loi du silence est donc particulièrement néfaste à l’évolution du malade mais elle est aussi néfaste au travail du médecin. Il arrive que cette omerta se brise et que l’entourage s’aperçoive alors du désastre. Il est des paroxysmes du délire ou le malade adhère totalement à son délire et perde pied dans les méandres de ce délire, à ce moment alors le barrage cède et le délire ce déverse tel un torrent, torrent qui fait céder la muraille de protection que c’était érigé le malade. La loi du silence elle est du en partie à la pudeur des malades mais elle est la conséquence directe de l’ordre qui s’est établi dans la société, une société où je le rappelle il ne faut sortir du rang. Alors le fou de peur de sortir du rang préfère se taire, préfère souffrir en silence. Le fou ne dit pas les démons épouvantables qui le hantent, le fou s’isole dans l’horreur. Heureusement le fou à un moteur gigantesque, un soutient particulièrement fort : l’instinct de survie ; son meilleur ami, sa force vitale. Il ne faut pas en vouloir au psychotique de se taire, sa pudeur est la dernière protection qui lui reste quand toutes les défenses se sont anéanties.