dépersonnalisation

quand je me dépersonnalise, c'est assez étrange , je suis comme morcelée, l'extérieur arrive en flots qui m'agresse.

Il n'y a plus de frontière entre l'extérieur et l'intérieur, plus de garde-fou, plus de garde moi. Le gardien a quitté les lieux comme un voleur pour me laisser seule nue devant une réalité qui m'effraie. L'extérieur, plus que de m'effrayer, m'agresse. Plus rien ne me protège d'un extérieur qui se fait de plus en plus oppressant. J'ai du mal à recoller les morceaux, à me recentrer sur moi. Tout se transforme en épreuves insurmontables? sortir? affronter l'extérieur? m'occuper de mon fils. Dormir seul recours pour échapper à cette agression qui m'assaille. Mais la dépersonnalisation n'est pas un état d'âme c'est une modification brutale de la structure mentale, aussi est il difficile de le comprendre pour qui ne l'a pas vécue. On devient comme observateur extérieur de son propre comportement, et pour moi à qui ça arrive quand je culpabilise, ce regard est le plus lourd qui soit, on devient son propre bourreau sans pitié. Mais je comprends à quel point la dépersonnalisation est un échappatoire à quelque chose que ma conscience ne peux supporter. Ma conscience est lourde, lourde d'une culpabilité qui n'est pas toujours justifiée. quand je me dépersonnalise je ressens à quel point j'ai le cerveau malade, malade d'une culpabilité dont j'ignore le fondement, et si je laisse dans ma vie les autres vivre en paix, moi, je ne m'accorde aucun répit. Ce qui est terrible dans la dépersonnalisation c'est la pleine conscience des choses, c'est pénétrer dans la folie et en être conscient. Celui qui est fou l'ignore habituellement, n'a pas conscience de son état, aussi ce doit être moins douloureux pour lui, mais avoir conscience de sa folie, c'est terrible, avoir conscience de l'avant et de l'après, avoir une peur immense de restée bloquée dans cet état, avoir peur de la folie permanente et rester conscient de l'avant.La dépersonnalisation est aussi très angoissante, il n'y a plus de barre où se raccrocher, on se voit perdre pied dans le siphon, on est littéralement aspirer dans se gouffre sans fond, sans fondement réel. Mais cette folie toute angoissante qu'elle soit , toute terrifiante qu'elle soit, m'attire autant qu'elle me déplait . J'aime cette violence de la déraison raisonnante, j'aime quand mon cerveau collapse pour éprouver cette souffrance d'une conscience qui vacille.

Pour moi nul besoin de cocaine ou d'heroine, mon cerveau génère ses propres exaltations. Non seulement je fais de la dépersonnalisation mais je suis bipolaire, et plus souvent dans un état maniaque que dépressive, ce pourquoi je ne veux pas me soigner. en période maniaque je vis des exaltations extrêmes générées uniquement par l'entremise de mon cerveau. Seule enfermée entre quatre murs je peux vivre des exaltations extrêmes, pourquoi je m'en priverais, pourquoi forcer a la normalité? non je ne veux pas de traitement je veux conduire ma voiture à cent a l'heure, et qu'importe pour les dérapages! la dépersonnalisation , la bipolarité , ce sont mes drogues; et je ne sais par quelle alchimie le cerveau génère toutes ces sensations. Je cours dans ma tête, dans ma tête je suis infiniment libre, même entravée.